Sur les routes du monde
 
Partie à l'aventure sur les routes d'Europe, d'Afrique ou d'Amérique, la Renault 18 n'a pas usurpé son statut de bonne à tout faire, fiable. Cette rubrique ambitionne de rassembler les témoignages (et les photos) de grands voyageurs. Si vous en êtes, vos témoignages sont les bienvenus ici.
Paris-Dakar en R14 - Nancy-Dakar en R18 - Patagonie - Paris-Persépolis (Iran, projet)

Paris-Dakar en R14
En 2006, Brieuc a participé au rallye Paris-Dakar étudiant, au volant de la R14 TS de ses arrière-grands parents!





En 1981, mes arrière-grands-parents ont décidé d’acheter une R14 TS. Ils ne s’en sont jamais beaucoup servi si ce n’est pour aller faire des courses ou jusqu’à Orléans au plus.
A leur décès, mes grands-parents l’ont récupérée et ne s’en servaient que pour leur marché.
Etant passionné par les voitures et la compétition automobile, j’ai décidé de participer au 1er Paris-Dakar étudiant en 2006. Il me fallait bien sûr trouver une voiture.
En allant déjeuner chez mes grands-parents un dimanche, je les ai surpris en train de dire qu’ils voulaient se débarrasser de leur Renault 14 TS et la mettre à la casse.
A l’époque, je n’avais aucune idée des performances de cette voiture, c’était pour moi le type d’auto parfaite pour faire un raid tel que le Paris-Dakar étudiant : vieille voiture déjà endommagée ne craignant pas grand chose.
Je leur ai donc demandé si ça ne les dérangeait pas trop qu’elle finisse à la casse… de Dakar. Réponse: pas de problème !
J’ai donc récupéré la R14, et surprise, elle n’avait que 33 000 km, toutes pièces d’origine, vitres électriques, ouverture centralisée, sièges type « baquet » (de l’époque)…
Elle m’a tout de suite séduit avec sa ligne atypique et son moteur réactif.
C’était donc bon, j’allais partir jusqu’à Dakar en R14.
Nous sommes partis sans préparer la voiture avec un ami. Première étape, Clermont-Ferrand et un pot d’échappement. Le tuyau à la sortie de la gamelle s’est rompu, ça y est, elle fait le bruit d’une vrai voiture de rallye…
Selon un garage Renault d’Issoire, impossible à réparer, la pièce ne se fait plus… Nous continuons donc notre voyage comme cela.
Nous passons l’Espagne et je commence à connaître de mieux en mieux le « 3ème homme » de l’équipe. J’essaie de la pousser à ses limites sans trop jamais y arriver : 140 km/h de moyenne entre Madrid et Cordoue (350 km) avec des pointes à 160 km sans surchauffe ! Nous sommes impressionnés. En revanche elle a besoin de son huile tous les matins.
Nous arrivons au Maroc, déjà contents d’être arrivés jusque là car personne n’y croyait… La R14 avale les kilomètres de route, mais aussi de pistes ! Après plus de 3 000 km, nous décidons de faire réparer le pot. Dommage, c’était un beau bruit. A certains endroits, nous devons traverser des bancs de sable. De toutes les voitures du raid hors catégorie 4x4, la R14 est la seule à ne pas s’enliser et à passer sans trop de difficultés. Nous en sommes très fiers ! Et la R14 devient mythique.
Malheureusement, un coup d’Etat éclate en Mauritanie, nous devons faire demi-tour et rentrer à Paris : l’organisation du raid ne veut pas prendre de risques.
Sur le trajet du retour, la R14 continue sur les pistes, quelques rivières à traverser, puis retour en Europe…
Malheureusement, arrivés à Bordeaux, un problème de carburateur et d’allumage survient, les 500 derniers kilomètres sont incertains, et nous sommes contents d’arriver à Paris.
La R14 aura fait 8 000 km en deux semaines à la grande surprise générale (soit un tiers de ce qu’elle a fait en 24 ans…)
Etant rentré à Paris, j’ai repris les cours et le stage, et je n’ai donc pas pu m’occuper de réparer la R14. Elle est donc restée dans un garage pendant 10 mois.
En mai 2006, j’ai décidé de repartir pour le Paris-Dakar. J’ai donc pris le temps de m’occuper de la R14 : pneus, amortisseurs, allumage, carburateur, durites, filtres, bobine d’allumage,…
Cette fois ci, je suis parti avec mon frère. Nous sommes partis le 30 juillet de Paris.
Cette année-là, nous n’avons eu aucun problème en Europe, et nous avons profité des différentes étapes : Clermont-Ferrand, Montpellier, Valence en Espagne (bivouac sur la plage, dodo à la belle étoile), Cordoue.
Nous avons traversé la Méditerranée et sommes arrivés à Fès au Maroc. Première association visitée, premières fournitures déposées. Nous avons dormi sur des toits. Visite de la Médina et du Souk. Superbe !
Signalons l’installation d’enceintes et d’un autoradio d’époque ! Nous avons enfin de la musique. Coût : 117 Dirhams (11 euros), 5 stylos et 3 cigarettes.
Etape suivante, Casablanca. Entre temps, plusieurs arrestations pour cause… d’excès de vitesse. Eh oui, même en R14. Mais au Maroc tout se négocie, et sur plus de 10 arrestations justifiées (radar) sur le raid, aucune amende payée (à part avec 2 ou 3 stylos pour la famille).
Nous nous sommes ensuite dirigés vers Marrakech. Petite visite du centre ville durant la nuit. Nous avons dormi dans un restaurant… L’accueil des gens au Maroc est exceptionnel !
Le lendemain, direction Agrimz, petit village à une cinquantaine de kilomètres au sud d’Agadir. Sur la route, traversée de l’Atlas. Superbe paysage avec une route de montagne où on se fait plaisir en conduisant sur une musique de Manu Chao. Un grand moment de bonheur !
Arrivé à Agrimz, Deuxième école, dépôt de la majorité des fournitures. Grande fête organisée par le village, tagine pour tout le monde, et danse sur des airs de tam-tam pendant la soirée.
Super contact avec la population locale, des souvenirs plein la tête, un grand moment d’émotion.
Le lendemain, direction Cap Juby, mais nous faisons un arrêt de 2h30 dans un garage avant de partir pour installer deux allumes cigares supplémentaires pour avoir la CB en permanence et recharger les portables et appareils photos. Nous installons également des phares longue portée devant la calandre. La R14 devient vraiment équipée pour le raid !
Nous avons pris du retard, nous ne pouvons plus nous arrêter… Heureusement, la plage au bord de la route est trop belle, nous voyons tous nos camarades arrêtés, nous les rejoignons par les dunes.
Baignade, foot, et surtout encore 200 KM à parcourir. A 140 sur la nationale, nous commençons la traversée du désert, la route est droite avec beaucoup de visibilité… Nous dormons sur la plage, rencontre avec des locaux touaregs qui vivent dans des tentes sur la plage et des militaires qui surveillent la plage et le transit de clandestins.
Nous nous dirigeons ensuite vers Dakhla, dernière ville marocaine du raid. Premier et seul problème du raid pour la R14 : il fallait nettoyer la tête de Delco… Une formalité ! Le mécano ne veut pas d’argent mais une casquette… nous avons fait un heureux !
La route est toujours aussi droite et monotone, mais le paysage tellement beau ! Arrivés à Dakhla, la Police locale nous met en garde par rapport à notre lieu de campement. Il nous conseille un endroit en nous disant de ne pas se balader aux alentours car c’est rempli de mines anti-personnel ! Nous entrons ainsi dans une zone minée qui va continuer jusqu’au sud de Nouadhibou, en Mauritanie (environ 700 km).
Nous passons le lendemain la frontière mauritanienne. Nous attendons quelques heures que la frontière marocaine ouvre.
Nous avons passé la frontière marocaine et le « no man’s land » en convoi. C’est une zone très bizarre car elle n’appartient à aucun pays, il n’y a pas de route, des carcasses de voiture partout et des gens qui errent.
Nous voici à la frontière mauritanienne où nous patientons quelques instants pour obtenir le visa. Puis nous partons sur Nouadhibou en faisant toujours attention de ne pas s’écarter des sentiers battus car la zone est truffée de mines.
A Nouadhibou, l’accueil n’est pas des plus chaleureux : certaines voitures en fin de convoi reçoivent des cailloux lancés par des enfants.
Le lendemain, direction Nouakchott. Encor 500 km de Sahara et de route droite.
Arrivée à Nouakchott, arrêt plage avec le retour des pêcheurs. Nous dormons dans des tentes touaregs et le lendemain, grâce à un contact dans l’armée mauritanienne, épreuve de tir au fusil G3 dans le désert… Impressionnant !
C’est le moment de partir, direction le Sénégal !
Nous nous retrouvons à la frontière pour passer le fleuve Sénégal. Problème, une loi stipule que les voitures de plus de 5 ans n’ont pas le droit de rentrer au Sénégal. Toutes les voitures participants au raid ayant plus de 5 ans, nous sommes stoppés 24h00 à la frontière où les douaniers nous font dormir dans un terrain vague après nous avoir retiré tous nos papiers (passeport et permis de conduire) et la carte grise.
Finalement, après quelques bakchichs, nous partons direction Saint-Louis avec un jour de retard. Nous dormons sur la plage après avoir dîné dans un bon restaurant et pris un verre dans un bar sympa.
Le lendemain, balade dans la ville et direction… Dakar !
Mais un policier arrête toutes les voitures sous prétexte que nous ne sommes pas assurés. « Heureusement », il a un ami qui est assureur et veut bien se déplacer alors que nous sommes un dimanche… C’est une forme déguisée de racket bien sûr…
Nous arrivons enfin en périphérie de Dakar dans des embouteillages monstrueux et une conduite spectaculaire ! Finalement, nous y sommes enfin, avec 30 cm d’eau sous la voiture (saison des pluies oblige…). Nous y restons 1 jour, le temps de rencontrer le Maire de Han Bel Air, ville de banlieue de Dakar pour y distribuer nos dernières fournitures scolaires, et des amis de la famille.
Finalement, nous laissons la R14 dans le port de Dakar, elle va revenir en bateau jusqu’au Havre. Nous sommes rentrés en avion à Paris, des souvenirs, des paysages et beaucoup de nostalgie plein la tête.
La R14 arrivera dans les prochains jours, elle a aujourd’hui 48 000 km et de beaux jours à vivres sur Paris, toujours avec sa décoration bien particulière.
Elle repartira pour de nouveaux road-trips, vers de nouvelles destinations.

Nancy-Dakar en R18
Sébastien et Virginie ont rallié Dakar à partir de Nancy à bord d'une 2 CV de 230.000 km. Cela leur a tellement plu qu'ils ont remis ça en R18 essence l'année suivante. Ne pas manquer leur site Dakar deuche. En attendant, voici quelques photos:


Patagonie (2003)
Des voyageuses téméraires françaises sont parties à la découverte de la Terre de feu en Renault 18 un peu fatiguée au printems 2003 (automne dans l'hémisphère sud). Leur récit est immanquable. (http://www.partiefaire1tour.net/article.php3?id_article=117). Quelques photos en échantillon:

Paris - Persépolis (Iran) - Paris (projet)
Cela fait plusieurs mois que nous pensons à un projet un peu déraisonnable: rallier Paris à Téhéran, voire Persépolis, en Renault 18. Dans les années 70, on vit des babas-cool arriver à Kaboul, Delhi et même Katmandou par la route à bord de 2CV ou de minibus Volkswagen. Aujourd'hui, "la route" au sens de Jack Kerouac n'est plus ce qu'elle était, mais les conditions de circulation se sont considérablement améliorées. Du reste, de nombreux chauffeurs routiers sont familiers du voyage entre la France et le Moyen-Orient. Alors pourquoi pas nous ? Vingt-cinq ans après la révolution islamique de l'ayatollah Khomeiny, l'Iran fait encore peur à de nombreux voyageurs occidentaux. Pourtant, ce pays est l'un des plus riches du monde en matière de culture et de civilisation. Bref, il faut se dépêcher d'y aller avant que le tourisme de masse commence à comprendre ce qu'il rate en gardant l'Iran hors de ses circuits...

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Le trajet: 6 000 km... aller

Le trajet prévu pour rallier l'Iran traverse la France, l'Italie, la Grèce et la Turquie, pour un total de 6 000 km jusqu'à Persépolis, près de Chiraz. La voie la plus simple jusqu'au début des années 1990 pour la Turquie était le trajet qui passait par Paris, Munich (Allemagne), Graz (Autriche), Maribor (Slovénie), Zagreb (Croatie), Belgrade puis Nis (Serbie), Sofia (Bulgarie) et Edirne (Turquie). C'était d'ailleurs la route la plus fréquentée par les centaines de milliers de travailleurs turcs en Allemagne qui revenaient l'été dans leur pays natal. Mais les guerres successives en Yougoslavie, puis ex-Yougoslavie, ont rendu le passage très difficile: routes et autoroutes détruites, racket des milices, sans parler des formalités administratives rendues nécessaires par la création de trois frontières supplémentaires ! Une variante est toujours faisable en contournant l'ex-Yougoslavie par le Nord, via Vienne, Budapest, Bucarest et Sofia. Mais là aussi les passages de frontières sont difficiles, avec beaucoup d'attente, la sécurité pas toujours assurée et les autorités (roumaines notamment) se servent allègrement dans la poche des voyageurs en exigeant le paiement de visas de transit en devises. En plus, les routes roumaines ne sont quasiment pas entretenues et leurs nids de poule mettent en danger les suspensions et des carters de moteur.
La route la plus simple passe donc par l'Union européenne. De Paris, bifurcation direction Lyon par l'A6, autoroute du Soleil. Rien à signaler à part les radars des pelotons de gendarmes d'autoroute (qui ne concernent d'ailleurs pas les Renault 18 diesel). Il faudra lâcher quelque 35 € au racket du péage, tout au long des quelque 700 km d'autoroute. En Italie, c'est de l'autoroute pendant 400 km jusqu'à Venise. Les autoroutes italiennes ne sont pas en très bon état, plus étroites et sinueuses que les autoroutes françaises, et requièrent une attention soutenue car les Italiens roulent vite. Pas seulement ceux qui conduisent des voitures rouges. A signaler l'excellent site des autoroutes italiennes, qui permet de prévoir son trajet et ses péages, en pointant ses villes étapes sur une carte interactive : http://www.autostrade.it/ . Compter 25 € de péage.
L'avez-vous remarqué, la Grèce ne possède pas de frontière terrestre en commun avec le reste de l'Union européenne. Il existe une rotation par bateau entre Venise et Igoumenitsa, port grec situé juste en dessous de l'Albanie. Les prix ne sont pas démentiels en basse saison: Environ 400 € aller-retour pour une voiture et deux personnes en cabine, à vérifier sur le site internet des car-ferries grecs: http://www.ferries.gr/ . Il y a environ 26 heures de trajet, et les bateaux grecs, autrefois un peu vétustes, ont fait des bonds de géants en terme de qualité du service. Si nous embarquons à 19h00 le soir à Venise, nous arriverons le lendemain à 22h00 à Igoumenitsa. Le trajet en Grèce (environ 770 km) jusqu'à la frontière turque devrait s'effectuer lui aussi sans souci majeur, l'adhésion du pays à la CEE en 1981 ayant permis de développer une infrastructure routière digne de ce nom. L'autoroute Igoumenista-Thessalonique, qui reprend le tracé de la Via Egnatia romaine, est toujours en projet, surtout dans sa partie ouest, mais des sections à deux voies existent. Entre Igoumenitsa et Kalambaka (nord), le paysage se révèle escarpé, et la route très fréquentée par les camions et les Turcs qui suivront le même trajet que nous. L'agglomération de Thessalonique est parfois un peu difficile à traverser, mais la route qui longe la mer Egée jusqu'à la Turquie est globalement bonne. Elle passe par Kavala et Alexandroupoulis, qui pourrait faire une ville étape très décente. Le passage de la frontière entre la Grèce et la Turquie (Ferai-Ipsala) s'effectue sur un pont, gardé de chaque côté par des soldats grecs et turcs. La fin du voyage dans l'Union européenne signifie le début des formalités plus longues, notamment de passage en douane, même si les douaniers et les policiers turcs sont bien plus sympathiques que leurs homologues grecs.
La Turquie, c'est d'abord un pays très étendu: d'ouest en est, 1.700 km de routes en perspective. La route entre Ipsala et Istanbul, à deux voies pendant les deux tiers du trajet, ne pose pas de problème majeur: elle longe la mer de Marmara en laissant au nord des massifs montagneux. Le passage du Bosphore s'effectue à Istanbul, ville dans laquelle circuler n'est pas difficile: c'est un cauchemar. Le trajet entre Istanbul et l'est du pays pourra prendre diverses variantes. En effet, longer la mer Noire représente un détour, et l'axe autoroutier Istanbul-Ankara est très fréquenté. Reste que le passage en Iran ne peut s'effectuer raisonnablement que par le poste-frontière de Bazargan, non loin de la ville de Dogubayazit (voir carte), à proximité du mont Ararat. Il existe un poste-frontière plus au sud, mais on se retrouve alors en plein Kurdistan turc, que les guides touristiques déconseillent encore.
A Dogubayazit, on n'est pas très loin non plus de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan (la riante Tchétchénie est à 500 km au nord), mais la frontière est calme entre ces deux pays qui s'ignorent au point de ne pas avoir eu pendant longtemps de poste-frontière commun.
Les routes turques ne sont pas les plus sûres du monde et demandent aux conducteurs d'être attentifs: comme il est écrit dans un guide touristique célèbre, les Turcs ne roulent ni à gauche comme les Anglais, ni à droite comme les Français, mais... au milieu. Ce qui est au moins exagéré: le pays s'est modernisé à pas de géant. On trouve des stations-service impeccables tous les 20 km dans l'ouest, les autorités ont lancé un grand plan anti pollution (exemple: tous les taxis d'Istanbul sont au GPL!). De plus, les Turcs se révèlent extrêmement sympathiques, souriants et courtois. Pas de danger de se retrouver seul en panne au bord de la route: quelqu'un s'arrête très vite pour vous aider. Les prix sont doux. Un plein de gazole pour 25 €, un repas complet pour 2 € (en dehors des zones touristiques), cela fait des années que l'on a pas vu des prix pareils en Europe. De plus, le touriste qui débarque en Turquie devient automatiquement millionaire. Résultat d'une inflation galopante, un euro s'échange en effet contre 1,8 million de livres turques!
Vient le morceau de choix: l'Iran, sur le plan des routes, ne semble pas poser de problème particulier, tant que l'on reste sur les grands axes en tout cas. Mais on a tendance à oublier que c'est comme la Turquie, un très grand pays par la superficie: trois fois la France, dont une bonne partie est désertique. Les guides Lonely Planet, dans leurs conseils de voyage, préviennent que les paysages sont souvent monotones. Pourtant, lorsque l'on voit les films d'Abbas Kiarostami, la beauté de l'Iran saute aux yeux. Attendons pour voir! Le pays semble en tout cas se caractériser par des contrôles routiers très fréquents et une sécurité routière précaire. La circulation dans Téhéran relève apparemment du gymkhana et de l'école de maîtrise des nerfs. Le reste devrait être plus calme. A grand pays, grandes distances: une fois à Bazargan, à la frontière, qu'il est paraît-il difficile de franchir rapidement en raison des formalités administratives et de vérification, il reste encore près de 1 000 km pour rejoindre Téhéran. Une fois la capitale atteinte, nous pourrons rayonner dans les montagnes au nord de Téhéran, et peut-être même jusqu'à la mer Caspienne, puis dans les villes saintes du chiisme que sont Qôm, Ispahan, et éventuellement pousser une pointe jusqu'à Persépolis et Chiraz, qui sont encore à plus de 1 000 km de la capitale. Toutes ces villes sont détaillées sur le site de l'office de tourisme iranien: http://www.itto.org, complet et bien fait. A noter aussi le site de l'ambassade d'Iran au Canada, pléthorique et agréable: http://www.salamiran.org. Une fois arrivés à Persépolis, il nous faudra penser à revenir et donc à parcourir dans l'autre sens les 6 000 km de l'aller...

Le véhicule: on ne change pas une équipe qui gagne!

Nous devrions partir avec ma Renault 18 GTD de 1983, qui comptait, en janvier 2004, près de 406 000 km dans les roues. Evidemment, dit comme ça, on a un peu peur, mais plusieurs faits plaident en sa faveur, à commencer par son incroyable fiabilité.. Entre ses 270 000 et ses 315 000 km, ce véhicule a fait peuve de sa solidité sur toutes les routes du Maroc, avec toutes les péripéties imaginables. Par exemple, 40 km de pistes sableuses à fond les boulons, à cinq dans la R18 par 35°C à l'ombre (et il n'y avait pas d'ombre).
Mes amis se souviennent encore avec émotion des quatre heures nécessaires pour faire 35 km sur une piste de montagne avec un col à 2.700 mètres, puis la descente dans le lit de la rivière à peine sec, le tout avec un ventilateur de radiateur en panne (en montagne, l'été, un ventilateur, ça sert!). Je me rappelle aussi la pompe à eau qui nous a lâchés entre Midelt et Azrou, alors qu'il restait encore trois cols à 2 000 mètres à passer. Et la R18 repartit sans pompe à eau, simplement avec un plein de liquide de refroidissement. Cette fiabilité, acquise au prix d'un entretien rigoureux des organes mécaniques, s'est traduite en près de huit ans par trois pannes seulement nécessitant l'intervention d'une dépanneuse: un court-jus dans l'alternateur (à 335 000 km tout de même) qui a vidé la batterie, la casse de la fourchette de renvoi de câble d'embrayage à 378 000 km et une rupture du faisceau électrique provoquant l'arrêt de la charge de la batterie à 385 000 km. De toutes façons, la souscription d'un contrat d'assistance international constitue une des conditions vitales pour un voyage de ce genre.
Enfin, la R18 s'est encore distinguée en nous ramenant de Rabat (Maroc) à Brest (Finistère) en un jour et demi via l'Espagne, soit 2.400 km effectués à 100 km/h de moyenne, arrêts exclus, le tout avec plus de 500 kg de bagages dans le coffre et sur le toit! Derniers exploits en date en guise de tour de chauffe : le trajet Paris-Antalya (sud de la Turquie) via Venise, Igoumenitsa, les Dardanelles et retour par Istanbul sans un seul pépin mécanique en 8.000 km. En août 2001, elle a encore roulé 5 000 km en moins de quinze jours sur autoroute sans faiblesse (touchons du bois).
Bref, depuis bientôt huit ans que je roule en 18, j'ai acquis au moins une certitude: c'est du béton. Même à son kilométrage élevé, elle ne consomme que 5,7 litres de gasoil au 100 sur nationale et moins de deux litres d'huile entre chaque vidange aux 5.000 km. Sur autoroute, elle est largement capable de 130 km/h (150 en pointe), et son couple élevé n'en fait pas une voiture désagréable en montagne (même si l'étagement des vitesses - la troisième est trop juste et la quatrième trop longue - pose quelques soucis). Et puis on peut se dire qu'une automobile qui a déjà parcouru 406 000 km peut bien en faire 4% de plus !
Pour un tel voyage, la 18 bénéficiera des aménagements effectués lors de son séjour marocain, à savoir une plaque de blindage installée sous le carter d'huile, un ventilateur de radiateur supplémentaire avec marche forcée commandée du tableau de bord, et surtout une surélévation de 2 cm des suspensions avant et arrière, obtenue par la pose de cales en aluminium sur les coupelles de suspensions. La pose d'un grillage pare-pierres sur la calandre et les phares est envisagée, ainsi que celle de phares longue portée, en raison du balisage nocturne défaillant des routes d'Asie mineure. Pour accroître la capacité de transport, l'achat d'un coffre de toit sera également étudié. Le coffre des berlines 18 n'est en effet pas immense (moins de 300 litres), même s'il est carré et facilement aménageable. Question pneumatiques, la monte d'origine des 18 diesel est parfaite pour les routes accidentées, avec des enveloppes taille haute de 165-80/R13 en Michelin MX4, gage d'une longévité et d'une solidité accrues. Seul problème, il devient difficile d'en trouver.

Istanbul, octobre 2000: on l'a fait!

L'équipement

La totalité ou presque du trajet s'effectuera sur route bitumée, et nous ne serons jamais loin d'un garage. Il faudra tout de même prévoir:

- une roue de secours complète supplémentaire (165-80/R13)
- une pompe à pied
- une jauge de pression des pneumatiques
- deux bombes anticrevaison
- une trousse à outils avec tournevis, marteau, pince multiprise et coupante, jeu complet de clés plates et à pipe de 6 à 20 mm
- un kit de réparation radiateur ("pâte à modeler")
- un jeu complet de courroies moteur
- du scotch à durits
- une clé en croix + un cric
- dix mètres de corde
- des pinces "crocodile"
- cinq mètres de fil de fer
- un bidon de gasoil de 20 litres
- un bidon d'eau potable de 20 litres
- dix litres d'huile moteur
- deux filtres à gasoil
- deux filtres à huile
- un filtre à air
(si vous avez des idées supplémentaires, des suggestions sur cette partie mécanique, écrivez-moi ici ).

Pharmacie. Même remarque que pour la mécanique: les infrastructures hospitalières de l'Iran, même si elles ne rejoignent pas celle de la France, ne sont pas sinistrées comme celles de son voisin irakien.
- pastilles de désinfection de l'eau
- médicaments anti-diarrhéiques
- aspirine
- pansements
- compresses
- sutures rapides
- traitement anti-paludéen
- pommade anti-brûlures type "Biafine"
- pommade cicatrisante
- Alcool médical (ou désinfectant)
- coton

Equipement de camping
- une tente igloo
- deux sacs de couchage
- deux "sacs à viande"
- deux matelas de mousse
- deux couvertures de survie
- un brûleur de camping gaz "bleuet"
- un jeu de gamelles

Formalités
C'est peut-être là que résident les plus grandes difficultés qui nous attendent sur la route de Téhéran; même si le tourisme a fait timidement son apparition en Iran depuis près de dix ans, obtenir un visa en voyageur individuel relève encore de l'école de patience et du jeu de piste. La première démarche à entreprendre est celle de trouver un "sponsor" en Iran susceptible de se porter garant de vous. Il se rendra ensuite au ministère iranien des Affaires étrangères pour donner vos coordonnées complètes (passeport, papiers automobiles, etc...). Un numéro d'ordre vous sera alors attribué, et lorsque votre dossier arriva de Téhéran à l'ambassade, vous pourrez retirer les formulaires de candidature pour un visa. Autant dire qu'il ne vaut mieux pas s'y prendre à la dernière minute... Le visa pour les ressortissants français coûtait fin juillet 2000, 345 francs.
Les papiers requis pour entrer en Iran sont les suivants:
- passeport valide six mois après la date prévue de retour, évidemment muni d'un visa
- permis de conduire international
- carnet de passage en douane
- carte grise
- carte verte (assurance, portant la mention "Ir" non barrée)

Budget
D'après le guide Lonely Planet, il est possible de très bien vivre en Iran pour 15 € par jour et par personne tout compris (nourriture, hôtel, déplacements, visites). Etant donné que le prix du litre de gazole semble au niveau de celui de l'unité de Carambar en France (0,06 €), les déplacements ne vont pas être hors de prix.  En France et en Italie, le prix moyen du gazole est de 0,85 € le litre, tandis qu'en Grèce et en Turquie c'est bien moins cher. Même différence pour la nourriture. Voici donc un budget prévisionnel sur environ 40 jours, en francs:
 
Nature 
Trajet
Gazole
Péages
Bateau
Nourriture et Logement
Total
Paris - Venise
(1 jour)
 1 200 km x 7 litres/100 x 5,50 F
462 F
environ 350 F
 /
300 F
1 112
Venise - Igoumenitsa
(26h00)
 /
1 200 F
200 F
1 400
Igoumenitsa - Bazargan
(3 jours)
2 500 km x 6,5 litres/100 x 4,50 F
= 730 F
?
/
3 jours x 200 F = 600 F
1 330
Iran (25 jours)
5 000 km x 6,5 litres/100 x 0,50 F
= 162,50 F (!)
?
/
100 F par jour et par personne x 2 personnes x 25 jours = 5 000 F
5 162,50
Bazargan - Igoumenitsa
(3 jours)
2 500 km x 6,5 litres/100 x 4,50 F
= 730 F
?
/
3 jours x 200 F = 600 F
1 330
Igoumenitsa - Venise
(26h00)
/
/
1 200 F
200 F
1 400
Venise-
Paris
(1 jour)
1 200 km x 7 litres/100 x 5,50 F
462 F
environ 350  F
/
300 F
1 112
Total
2546,50 F
700 F
2 400 F
 7 200 F
12846,50 F

Liens
Voici quelques liens utiles sur internet pour préparer ce voyage, triés par type.
 
Titre
description
url
Récits de voyage

Uniterre
Site de journaux de voyage, où l'Iran est mentionnée une trentaine de fois. Une référence, à lire absolument avant d'entamer un voyage de ce genre.. http://www.uniterre.com
L'Iran en camping-car
Le récit de voyage d'un couple de Français parti avec deux enfants pour visiter l'Iran en camping-car. Récit attachant et bourré d'informations. http://perso.wanadoo.fr/gaetan.magre/iran.htm
Petit tour
Massy-Pondichéry en camping-car avec deux enfants, par la Turquie, l'Iran, le Pakistan... Superbe et vraiment intéressant. http://www.petittour.com
East of Eden
Un couple a décidé de rejoindre l'Orient par la route, et a notamment transité par l'Iran. Très beau site sur le plan graphique, et bien écrit, ce qui ne gâche rien.  http://www.citeweb.net/eastofeden/
Paris - Oulan Bator
Passionnant récit d'un voyage en Lada Niva entre la France et la Mongolie (ou presque). Partie sur l'Iran très instructive. http://l.maille.free.fr/
Conseils officiels aux voyageurs

France Diplomatie
Le site du ministère français des Affaires étrangères, donne notamment des conseils aux voyageurs en Iran et en Turquie. http://www.diplomatie.gouv.fr
Cartes

Mappy
Anciennement iti, ce site permet de calculer ses itinéraires en Europe, mais ne couvre ni la Grèce ni la Turquie. http://www.mappy.fr
Mapblast!
Même type de site que Mappy, mais beaucoup plus complet. Un seul regret: les villes étapes ne sont pas clairement indiquées. http://www.mapblast.com
Viamichelin
Superbe interface et grande facilité d'usage pour ce site gratuit des éditions Michelin. http://www.viamichelin.fr
Tout sur l'Iran

Salam Iran
Le site de l'ambassade d'Iran à Ottawa (Canada), avec de très nombreuses sources documentaires et une interface agréable. Tout sur les formalités de visa, de voitures, etc. http://www.salamiran.org
Itto
Site de l'office de tourisme iranien. Nombreuses rubriques concernant le voyage en Iran, manquant parfois de profondeur. http://www.itto.org
Divers

World Health Organization
Le site en anglais de l'Organisation mondiale de la santé, avec le rapport sur la santé mondiale qui a consacré la France pour l'année 2000. L'Iran se classe 93ème, en milieu de tableau. http://www.who.int

Bibliographie
Les guides touristiques sur l'Iran sont rares. Pas de "Routard" ni de "Petit futé" à l'horizon. Quant aux cartes, les éditions Michelin s'arrêtent en Grèce, et il faut donc piocher ailleurs.

Guides de voyage
Turquie. Guides du Routard, Paris 2000-2001.
Iran. Lonely Planet, Sydney 1998.
Iran. découverte, guides Olizane, Genève 2000.

Cartes routières
France. Michelin, Paris 2000.
Italie. Michelin, Paris, 2000
Grèce. Michelin, Paris 2000.
Turquie. Freytag & Berndt, Vienne 1996.
Iran. International Travel Maps, Vancouver 1999.

Périodiques
"Iran, l'héritage perse". Géo, Paris, janvier 2000.



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